L'Irlande à vélo en 1985

En 1985, Renaud, mon ami d’enfance de plus de 40 ans aujourd’hui, me propose des vacances en Irlande avec Anne et Denis… l’idée de partir découvrir l’Irlande à vélo pendant trois semaines jusqu’aux fameux lacs du Connemara m’enchante.

Je vous raconte ici mes souvenirs encore intacts de ce fabuleux premier voyage “aventure” pour moi. Il va me marquer à jamais et me pousser à voyager souvent les années suivantes.

Préparation

Je n’ai pas de vélo et nous n’avons pas de sacs à vélo pour transporter nos affaires. Gilbert, le père de Renaud va me prêter son vélo, et Denis ira discrètement mesurer les sacs en vente au Vieux Campeur et acheter du tissu imperméable pour un atelier fabrication de sacs, et aussi de rayures à la table du salon de ses parents Arnaud et Annie.

Voyage de Paris à Cork

Je me souviens que nous avons envoyé les vélos en train à Roscoff quelques jours avant notre départ effectif, pour nous assurer qu’ils soient sur place à notre arrivée.

Je me rappelle bien du stress dans le parcours en vélo entre chez moi et la gare à Paris, puis quelques jours après entre la gare de Roscoff et le port maritime, car le vélo était chargé et je ne maîtrisais pas encore le vélo.

Le parcours en bateau a été éprouvant, car nous avons traversé une tempête qui nous a obligés à rester assis, et subir le mal de mer. Je me souviens d’une arrivée à Cork déprimante, dans une ville industrielle, sous les nuages et la pluie alors que la traversée nous a épuisés.

En vélo de Cork à Killarney via la péninsule de Kilcrohane

De Cork à Killarney via la péninsule de Kilcrohane

Il nous a fallu plusieurs jours pour nous adapter… c’est à dire accepter la météo capricieuse où il pleuvait un jour sur deux, sortir de l’agglomération de Cork et de sa banlieue, comprendre qu’il fallait tirer un trait sur le camping sauvage pour économiser de l’argent car les sols son détrempés, sauf dans les campings officiels, et aussi apprendre à faire les courses d’aliments, préparer nos repas et ne pas se retrouver, comme cela nous est arrivé au début, à dîner de 5 saucisses et d’un peu de purée seulement.

Peu à peu, nous avons réussi à nous organiser et découvrir les magnifiques paysages irlandais. Le vélo offre des avantages sur la voiture, notre tête est haut placée et nous voyons au-dessus des haies et des talus qui longent la route.

Je me souviens de la traversée de la péninsule de Kilcrohane, avec nos vélos chargés face à la montée difficile. Je me souviens aussi de la rencontre d’une jeune irlandaise enfourchant un “mountain bike”, le premier que je voyais de ma vie, et montant avec aisance des sacs de courses. Pour un de tour de pédalier à nos vélos de route, elle faisait dix tours de pédalier, avançant doucement mais sûrement.

La péninsule est désolée et magnifique. Les paysages, ici et tout le long de notre parcours jusqu’à Killarney et Tralee, sont grandioses, que ce soit les champs à perte de vue comme la côte et la mer.

Je me souviens de repas pris sur la plage, de pauses “bounty” à l’heure du goûter pour reprendre des forces, de traversées de villages et de la gentillesse et de l’attention que nous portaient les irlandais que nous croisions.

Nous sommes mieux organisés, mais lents… et donc en retard sur notre programme. Pour gagner du temps, nous allons éviter les péninsules de Béara et d’Iveragh, et donc rouler de Kenmare à Killarney.

Je me souviens de la traversée du Parc national de Killarney aux paysages de lacs et de panoramas époustouflants. Le seul moment désagréable à été l’arrivée d’un car d’américains qui a détruit bruyamment le moment de calme et d’admiration.

En vélo de Killarney à Tralee

Entre Killarney et Tralee via la péninsule de Dingle.

Nous sommes bien organisés maintenant, mais malgré tout nous constatons que nous n’arriverons jamais à boucler notre programme et arriver dans le Connemara.

Je me souviens de Denis nous proposant alors deux options : soit nous faisons un parcours court vers Tralee puis on revient de suite à Cork en vélo par des routes alternatives et qu’on imagine mois belles, soit nous faisons un parcours plus long dans la péninsule de Dingle et puis nous prenons le train de Tralee à Galway, la porte du Connemara, nous faisons un parcours dans la région, puis nous revenons en train de Galway à Cork au dernier moment. Évidemment, c’est la deuxième option qui l’emporte.

La péninsule de Dingle nous donnera l’occasion de découvrir de nouveaux paysages de mer magnifiques, et de nous baigner dans une mer très froide à Camp. Je me souviens que nous avons hésité, et puis nous avons fait un aller-retour rapide sous les yeux effacés de Anne.

Je crois que c’est durant le parcours de la péninsule que nous nous sommes fait le cadeau de dormir un soir en B&B chez une vieille d’âne qui nous avait préparé des œufs cuits à la vapeur au moment du petit-dejeuner. Son traditionnel “English Breakfast” était délicieux. Elle s’est bien occupé de nous malgré son air inquiet quand elle a vu la consommation d’eau de douche que nous avons utilisé.

En train de Tralee à Galway

Le transfert en train entre Tralee et Galway sera plus long que prévu, car la liaison directe, et le trajet passant par Limerick est en travaux.

Nous devrons faire un détour passant tout près de Cork et de Dublin (via Mallow, Tipperary, Portarlington, Athlone et Athenry), et donc une journée entière dans le train.

Le Connemara

Galway est la porte d’entrée du Connemara. Nous allons faire une boucle depuis Galway, en passant par Cashel, petit village où nous découvrirons que le Général De Gaulle y a séjourné deux semaines.

Les paysages que nous rencontrons sont différents. Il y a des marécages et des lacs partout à perte de vue, le sol est tellement humide que les habitants prélèvent de la tourbe pour chauffer les maisons et faire la cuisine.

Boucle dans le Connemara

La région est peu peuplée, il y a de grands espaces où nous ne croisons pas de voitures. Une impression de bout du monde.

La population est plus pauvre aussi, et nous l’avons très bien vu chez les paysans de Cashel qui nous ont offert un coin de pelouse bien drainé pour planter nos tentes de camping, et un peu d’eau chaude pour la toilette de Anne.

Panorama du Connemara, en Irlande.

Retour à la maison

Le retour sera long, en train depuis Galway jusqu’à Cork, puis en Ferry de Cork à Roscoff, et de Roscoff à Paris… long, mais avec des étoiles dans les yeux, car la voyage a été magnifique.

J’ai beaucoup apprécié ce voyage qui m’a ouvert l’esprit en me faisant découvrir un pays différent de la France et l’Espagne, et qui m’a donné l’envie de faire de multiples voyages et de multiples rencontres.

Je garde un très bon souvenir d’un bon esprit et de la bonne entente entre nous quatre, des talents d’organisateur de Denis, et des sourires de Anne qui nous ouvraient les portes et les cœurs des irlandais.


L'Irlande à vélo en été 1985